- SAXE (maréchal de)
- SAXE (maréchal de)SAXE MAURICE comte de, dit LE MARÉCHAL DE SAXE (1696-1750) maréchal de FranceUn des guerriers les plus illustres du XVIIIe siècle, fils naturel d’Auguste II, Électeur de Saxe et roi de Pologne. Élevé dans les exercices militaires, Maurice de Saxe commence sa carrière à douze ans, au siège de Lille où il rejoint son père dans le camp des ennemis de la France. Il participe au siège de Tournai, combat à Malplaquet, obtient un régiment. Au siège de Stralsund, impressionné par la vaillance de Charles XII, il prouve son intrépidité en traversant la rivière à la nage sous le feu ennemi, un pistolet à la main. Puis il va se ranger, en Hongrie, sous les drapeaux du prince Eugène qui combat contre les Turcs (siège de Belgrade). Quand l’Europe est pacifiée par les traités d’Utrecht et de Passarowitz, il offre ses services à la France (1720); le régent Philippe d’Orléans l’accepte pour maréchal de camp. L’inaction pèse à ce fougueux jeune homme qui exerce ses troupes selon sa méthode personnelle, étudie les mathématiques et l’art de la fortification. Ambitieux, il parvient à se faire élire duc de Courlande et connaît un succès éphémère; il doit céder la place, gardant jalousement son brevet d’élection. Marié à quinze ans et tôt séparé de son épouse, héritière de Loben, aussi inconstant qu’ardent en amour, il dut aussi rompre en Courlande sa liaison avec la douairière Anna Ivanovna qui eût pu le porter au trône de Russie. La paix lui laisse encore le loisir d’ajouter des éléments à la fortification de Dresde et de s’intéresser à une machine qui remonterait les bateaux de Rouen à Paris. À la mort d’Auguste II, le futur Auguste III, son frère consanguin, lui garde confiance.La reprise des hostilités entre la France et l’Autriche en 1733 le lance sur les champs de bataille aux côtés du maréchal de Berwick (siège de Philipsburg). Pendant la guerre de Succession d’Autriche, il exerce le commandement en Bohême dans l’armée du maréchal de Belle-Isle, prend Prague d’assaut en 1741. Il commande en Bavière et gagne l’absolue confiance de Louis XV. La campagne des Pays-Bas (1744-1746) révèle à la France ses qualités et fait éclater sa renommée. Louis XV, qui veut commander en personne, nomme Maurice de Saxe maréchal de France et lui confie l’aile gauche de son armée. En trente et un jours, Menin, Ypres, Furnes sont enlevées. À Fontenoy, en 1745, la situation devient critique quand le duc de Cumberland enfonce le centre français. Maurice de Saxe, atteint d’une crise d’hydropisie, se fait traîner, véritable «cadavre vivant», dans une petite carriole d’osier. Les ordres et la présence de Louis XV lui conservant le commandement en chef, il monte à cheval et improvise une contre-attaque décisive. Après les victoires de Tournai, Bruges, Gand, Audenarde, Ostende, Ath, il investit Bruxelles par surprise en 1746. Après les batailles de Rocourt et de Lawfeld, Louis XV le fait maréchal de toutes ses armées; par la prise de Maëstricht, il contraint les Anglais et les Hollandais à signer la paix d’Aix-la-Chapelle.Louis XV accorda au maréchal de Saxe la jouissance du château de Chambord. Il y menait une vie fort active quand il y mourut à cinquante-quatre ans, victime, dit-on, des suites d’un duel. Parce qu’il était luthérien, il ne pouvait reposer à Saint-Denis aux côtés de Turenne; Louis XV lui fit ériger par Pigalle un mausolée dans le temple Saint-Thomas à Strasbourg. Le maréchal de Saxe appartient à la race des aventuriers que leur ardeur belliqueuse ou les mécomptes de leur carrière portaient sur tous les champs de bataille en quête d’action d’éclat. Sa taille élevée, la liberté de ses manières, son dédain des raffinements l’ont fait surnommer «le sanglier». Par sa fougue et sa vivacité, par son courage et sa bonne humeur, il s’imposait aux troupes autant que par son souci d’épargner des vies humaines.
Encyclopédie Universelle. 2012.